10 janvier 2008

Changer structurellement d'attitude

A en croire les projections pour le mois de Novembre parues dans Livres Hebdo, le marché 2007 devrait atteindre une croissance en valeur supérieure à 2%. Gallimard se taille la part du lion et il y a fort à croire que le groupe va obtenir, comme en 2005, des taux à 2 chiffres. On relèvera également les efforts mis en œuvre par une maison, souvent considérée (à tort) comme archaïque, pour se tourner vers le numérique (refonte du site, expériences avec Numilog...). Mais il y fort à croire que Gallimard soit l'arbre qui cache la forêt. En effet, la production a encore augmentée en octobre (+ 10,5% sur un an; + 45 % sur 5 ans!!) et un grand nombre de maisons poursuit une fuite en avant en appliquant la règle de l'augmentation de l'offre pour répondre à une baisse de la demande.

Certaines maisons doivent être dans une position délicate. Et les rayons des libraires sont toujours pleins.

Les acteurs de l'édition vont-ils se contenter longtemps d'une telle situation, s'en remettant aux variations conjoncturelles du marché ?
N'est-il pas temps d'opérer un glissement structurel permettant la conception de nouvelles formes de restitution de l'écrit ?

L'environnement autour de la corporation évolue sans cesse, faisant apparaître de nouvelles opportunités mais également de nouveaux acteurs dont l'acuité et la faculté d'adaptation sont nettement plus développées que celles des acteurs traditionnels. Ce phénomène est renforcé par une attitude frileuse mise en exergue dans le document de Vista (mais également le rapport Interactive content and convergence remis à la commission européenne en octobre 2006). Ce comportement frileux et dédaigneux nous rappelle la position des acteurs du disque à la fin des années 90. Or, on peut penser qu'aujourd'hui les majors du disque abandonnent les DRM car elles n'ont pas suffisamment agi en amont. Le livre ne doit répéter cette erreur et les acteurs doivent se prémunir dès à présent contre les menaces induites par les futures exploitations en ligne. Ils pouraient suivre l'exemple actuel de l'audiovisuel. Car à défaut d'être l'année du livre en ligne, 2008 pourrait être l'année de la TV en ligne. Après la démocratisation du haut-débit, condition sinequanone, les partenariats entre big players comme ceux de Google et Mastushita ou de Comcast et Amazon pour créer FanCast préfigurent de sérieux changements. Et les agents de l'audiovisuel de s'essayer aux DRM comme le montre la conférence New Definition of TV au CES ou les accords entre iTunes et Fox. On peut à ce propos regretter la position de l’UE qui pousse les acteurs du livre à la digitalisation des contenus mais n’inclut pas le secteur dans le programme visant un marché intérieur des contenus en ligne dont l'un des objectif réside dans une meilleure intégration des DRM.

La gestion numérique des droits ne représente qu'une des nombreuses et concommitantes questions à aborder dans le cadre de l'élaboration d'une stratégie de développement numérique. Cette question figure parmi les thèmes abordés par l'International Digital Publishing Forum. Il ne s'agit pas ici d'encenser les DRM auprès d'acteurs particulièrement enclin à protéger leurs actifs mais de plébisciter une action concertée.

Car les éditeurs doivent préparer de nouvelles formes pour demain. La réallocation de contenu rendue possible par l'edition multisupports ainsi que les supports électroniques, qu'ils soient dédiés à lecture (livre électronique) ou non (iPhone, iPodtouch et autres Blackberry, PDA) offriront à terme de nouvelles opportunités. Les acteurs du secteur doivent par ailleurs utiliser dès aujourd'hui les ressorts du net et l'essor de ces terminaux de lecture pour développer leurs activités marketing (comme notamment le feuilletage d'ouvrages sur Iphone mené par Pocket), accroître le trafic sur leur supports de communication pour in fine améliorer leur ventes (qu'elles soient en ligne ou non).

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